Quatre bonnes raisons d’utiliser Merlin Sound ID avec intelligence.

L’observation des oiseaux ne se pratique plus comme avant. Il suffit d’accompagner un groupe pour constater que plusieurs observateurs regardent très souvent vers le sol, vers leur téléphone intelligent. Pourquoi?

Par Pierre André

La raison : L’incroyable Merlin Sound ID (MSid) qui permet même à un néophyte d’identifier les chants d’oiseaux avec somme toute un bon succès. C’est un incontournable à utiliser avec intelligence, car l’application utile n’est pas infaillible.

L’expérience m’a appris qu’il faut être critique au regard de cette application. Par exemple, un jour où j’observais un Geai bleu, MSid m’a identifié une Petite buse. Fichu imitateur que ce geai! Autre exemple, pour un viréo bien en voix dans un boisé près de chez moi, MSid suggère à un moment un Viréo de Philadelphie et l’instant d’après un Viréo aux yeux rouges, pour un même chant. Dans ces cas, plus souvent qu’autrement, c’est un Viréo aux yeux rouges qui est vu. Aussi, il arrive que MSid suggère des espèces qui s’avèrent absentes des lieux. Je me souviens de mentions fréquentes de Mésanges bicolores alors qu’après de multiples recherches visuelles et une écoute attentive du sonogramme, l’espèce s’avérait absente. Cela dit, selon mon expérience personnelle, MSid suggère une identification juste dans 95 à 98% des cas et les professionnels du Cornell Lab of Ornithology ne cessent d’en améliorer la performance.

L’autre limite dont il faut tenir compte est l’équipement dont on dispose, qui influe sur les résultats. Souvent, j’entends des oiseaux que mon téléphone ne parvient pas à enregistrer ou à identifier, en raison de la piètre efficacité du microphone intégré de mon vieil appareil, de la longue distance entre moi et l’oiseau émetteur, ou du niveau élevé de bruit ambiant.

À défaut d’être l’équivalent d’un partenaire humain avec qui on peut discuter d’une identification sonore, MSid accompagne merveilleusement nos sorties. Il a créé une petite révolution dans le monde ornithologique. Voici quatre raisons d’en faire bon usage.

1. Apprendre et se remémorer les chants d’oiseaux

Apprendre les chants d’oiseaux demande de l’oreille, du temps et de la volonté. MSid peut contribuer à l’apprentissage de deux façons. D’une part, devant un oiseau bavard et même si d’autres individus chantent, il permet d’associer un chant à une espèce. D’autre part, la fonction Explorer permet de consulter le répertoire d’une espèce. La mémoire des chants n’est pas toujours vive, il nous faut parfois la réactiver. Ainsi, à chaque printemps, je revois les vocalises des parulines, des bruants, des grives… MSid offre une bonne sélection de chants et de cris, un atout pour un apprentissage ou une révision efficace.

2. Explorer un site d’observation

Lorsque plusieurs espèces sont en voix, si votre audition présente des lacunes ou si vous entendez un chant ou un cri qui vous titille, MSid permet d’identifier les divers chants qui se succèdent. Par surbrillance sur l’écran, le nom de l’espèce apparaît au moment où l’individu chante. Cela permet entre autres de concentrer les efforts, par exemple pour chercher l’oiseau le plus inusité sur la liste affichée. De plus, cette liste brosse un portrait assez fidèle de la diversité aviaire vocale qui est présente autour de nous.

3. Confirmer une hypothèse

Quand j’observe les oiseaux seul ou avec un ami ayant un déficit auditif, j’aime bien valider mes identifications par le chant. En procédant à un enregistrement, MSid me fournit un deuxième avis, ce qui est d’autant plus utile si le volatile n’est pas vu par le groupe. D’ailleurs, plusieurs observateurs ont pris l’habitude d’indiquer si une observation se fonde uniquement sur le chant et de préciser si MSid a servi à confirmer leur identification.

4. Documenter une observation rare ou inusité

Il arrive qu’un oiseau rare dans une région ou à un certain temps de l’année se manifeste. Il importe alors de bien documenter l’observation sur notre liste eBird. Cette documentation peut consister en une description physique ou vocale de l’oiseau, ou encore en l’ajout d’un fichier multimédia, comme un enregistrement sonore. Si l’oiseau est collaborateur (je ne sais pas pourquoi, certains oiseaux cessent de chanter à micro ouvert ou me survolent trop rapidement pour que je dégaine à temps!), il suffit alors de sauvegarder l’enregistrement (en format .wav) sur votre téléphone, tablette ou ordinateur, et de le joindre à votre liste eBird de la même manière que vous y ajouter des photos.

Merlin Sound ID n’est pas parfait. L’erreur à éviter est de mettre sur une liste eBird tous les chants que l’application propose, sans les avoir au préalable confirmés. Il nous faut donc faire preuve de vigilance et nous servir de cette fort utile application pour accompagner nos sorties, seulement pour apprendre, explorer, confirmer ou documenter nos observations sonores.