5 trucs pour apprendre les chants d’oiseaux

Vous rêvez de reconnaître les oiseaux par leur chant? Juste à penser aux 283 espèces nicheuses du Québec, vous imaginez qu’il s’agit-là d’un défi aussi difficile à relever que de gravir l’Everest? Alors, cet article est pour vous. Je vous partage cinq trucs pour construire votre base de connaissance des chants d’oiseaux.

Par Pierre André, membre de la SBM, du COOL et de RQO

1. Procédez par petits pas.

L’apprentissage des chants d’oiseaux se fait par petits pas. Il faut y aller progressivement pour développer votre mémoire auditive et vous assurer de les retenir. Allez-y 5 espèces à la fois. Que votre apprentissage se fasse par l’observation sur le terrain ou en écoutant des enregistrements, débutez par les cinq espèces les plus courantes dans votre région. Quand vous savez les reconnaître, passez aux 5 espèces suivantes et assurez-vous de pouvoir retenir tous les chants que vous avez pris la peine d’apprendre. Ce n’est pas une question de vitesse, mais de persévérance.

2. Illustrez et décrivez ce que vous entendez.

Les chants d’oiseaux sont comme des airs de musique. Quand vous observez un oiseau, prenez le temps de l’écouter. Chercher les éléments de son chant qui vous surprennent, vous plaisent, vous déplaisent. Dans votre carnet de terrain, dessinez les notes de son chant comme vous les entendez et annotez le sonogramme ainsi produit. Comme sur une portée musicale, les notes basses seront dessinées plus basses sur la feuille et les aiguës, plus hautes. Une note sifflée fera l’objet d’un trait mince, une note bourdonnante, d’un trait épais. Portez attention aux cascades de sons (ex. grive fauve) et aux remontées (ex. grive à dos olive), aux trilles (ex. bruant familier) et aux répétitions (ex. moqueur polyglotte), aux sons explosifs (ex. cardinal rouge), forts (ex. paruline couronnée) ou discrets (ex. paruline tigrée). Si le chant ou une de ses parties vous fait penser à un bruit que vous connaissez, comme le sifflet d’un arbitre pour le tyran huppé, notez-le. Enfin, si vous imaginez entendre une phrase, notez-la. Plus jamais vous ne l’oublierez.

3. Traduisez les chants en phrases imaginées.

Chaque espèce d’oiseau chante selon une structure qui lui est propre, bien qu’il puisse y avoir des variations parfois importantes entre les individus. Plusieurs espèces nous laissent entendre des phrases composées d’éléments qui ressemblent à des syllabes. Ces séquences de syllabes donnent naissance à des phrases faciles à retenir, composées d’onomatopées. Qui n’a jamais entendu parlé du « Cache ton cul, Frédéric, Frédéric, Frédéric » , que semble répéter le bruant à gorge blanche, du ‘Tire, tire, tire la bibitte », de la paruline jaune, ou encore du « Zi-zi-zi-zuuu-zi » de la paruline à gorge noire. Vous pouvez créer vos propres phrases ou vous laissez guider par celles que les guides d’identification et autres livres d’ornithologie vous proposent. Une façon simple et utile de faire travailler sa mémoire.

4. Aidez-vous d’un système de reconnaissance vocale.

Ces dernières années sont apparues sur le marché des applications de reconnaissance vocale des oiseaux. Installées sur votre téléphone intelligent ou votre tablette, elles vous permettent de reconnaître les oiseaux qui chantent autour de vous. Bien qu’il ne faut pas se fier aveuglément aux résultats, ces systèmes ont l’avantage d’orienter votre regard vers l’oiseau le plus intéressant. Le sonogramme qu’il produit vous éclairera sur la structure du chant, vous aidera à le décrire. Vous pouvez aussi enregistrer ces chants, les ajouter à vos listes d’observations et les conserver pour les réécouter à tête reposée.

5. Partagez vos connaissances.

Pour l’encouragement que cela procure, regroupez-vous pour apprendre ensemble. Arrêtez-vous durant 3 à 5 minutes, sans bouger ni parler. Notez tout ce que vous entendez. Puis, partagez vos découvertes et vos nouvelles connaissances. Les sorties en petits groupes d’ami.e.s ou avec des clubs d’ornithologie permettent une accélération de votre apprentissage.

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Voilà donc les trucs que j’ai utilisés et que j’utilise toujours, pour augmenter mes connaissances ou pour les remettre à jour au début de chaque saison. En espérant que ces astuces sauront vous être utiles. Je vous souhaite de belles découvertes.

Quelques références pour vous aider ou pour perfectionner vos connaissances.

Vos guides de terrain, d’une grande aide.

Que vous utilisiez un Peterson, un Paquin-Caron, un Sibley ou tout autre guide d’identification sur le terrain, chacun décrit sommairement le chant de chacune des espèces. Certains suggèrent des phrases imaginées qui sauront capter votre attention. Les versions numériques de Sibley, iBird Pro, Warbler Guide et autres vous permettent d’entendre les chants sur place, une façon de confirmer votre identification.

Merlin et Birdnet

Les systèmes de reconnaissance vocale comme Merlin et Birdnet (que j’aime bien et qui sont tous les deux développés par The Cornell Lab of Ornithology) sont de plus en plus nombreux sur le marché. Quand Merlin est installé sur votre téléphone, vous pouvez savoir avec une très bonne précision quelles sont les espèces d’oiseaux qui chantent autour de vous. Quand un individu chante, le nom de l’espèce apparaît en surbrillance, un avantage certain pour toutes les personnes en apprentissage. Merlin vous permet également d’explorer un certain nombre de chants pour une grande sélection d’espèces du Québec. Birdnet permet de sélectionner un chant spécifique sur l’histogramme qui apparaît à l’écran en le mettant entre accolades. Après l’avoir enrigistré, le chant sélectionné peut être analysé. Cette façon de faire me semble plus facile à utiliser si vous souhaitez téléverser cet enregistrement directement sur votre liste eBird. Mais cela peut aussi se faire avec Merlin.

Les ouvrages de référence sur l’identification de familles d’oiseaux.

En raison de leur diversité et de de leur intérêt, divers auteurs et autrices proposent des livres spécialisés sur certaines familles d’oiseaux. Plusieurs décrivent et illustrent de sonogrammes les chants des espèces qui les composent. Et on peut y dénicher de belles trouvailles. Par exemple, dans son petit livre intitulé Les Parulines du Québec, Suzanne Brûlotte propose, sur deux pages, un résumé des chants de ces petits bijoux sous la forme de description ou de phrases imaginées. Pour leur part, Stephenson et Whittle, dans The Warbler Guide, décrivent les chants et les illustrent par un sonogramme.

Pieplow, N. 2017. Peterson Field Guide to Bird Sounds of Eastern North America. Houghton, Mifflin, Harcourt, USA

Un livre remarquable. L’introduction propose un survol sur la biologie associée aux chants d’oiseaux et donne les bases pour lire un sonogramme et décrire ces sons. Ensuite, l’auteur décrit et illustre les chants et cris de chacune des espèces de l’Est nord-américain. Enfin, un site Web propose une sélection des types de chants illustrés dans le livre: www.petersonbirdsounds.com

Xeno-canto et Dendroica

Ces deux sites web permettent aux utilisateurs de parfaire leur compétences pour identifier les oiseaux au chant ou à vue. Xeno-canto propose les sons de la nature pour un nombre impressionnant d’espèces. Dendroica se concentre sur les oiseaux de l’Amérique du Nord. On y retrouve pour chaque espèce une sélection de photos et de chants. Ces deux sites sont de type collaboratif et sollicitent la collaboration citoyenne. Si cela vous chante…