Il est revenu le temps du Martinet.

Par Pierre André, Les Branchu – SBM

Avec une photo de Luc Laberge

Comme un vieil ami oublié, le Martinet ramoneur cliquetait au-dessus de l’église de Ste-Rose-de-Lima, à Laval. C’était hier, vers 19h00. Il est revenu nicher dans une cheminée de briques de l’ancien couvent, adjacent au presbytère. Ce sont d’abord ses cliquetis stridents et saccadés qui ont attiré mon attention. Puis, je l’ai vu, acrobate, faire dans le ciel ses prouesses aériennes. D’un brun-noir et terne, le Martinet se distingue des hirondelles par ses ailes pointues, son corps en forme de cigare et sa courte queue d’apparence épineuse.

Avant la colonisation et jusqu’au XIXème siècle, le Martinet nichait dans les gros chicots d’arbres morts qui se sont faits rares avec le développement rural et l’urbanisation croissante. L’oiseau a alors adopté les cheminées de pierre pour dormir et nicher. Or, ces modèles sont souvent obstrués partiellement ou totalement  par leur propriétaire. Ils sont aussi souvent remplacés par des structures en acier galvanisé.

Au Québec, la population a connu un déclin de l’ordre de 35 % entre le début des années 1980 et 2006. La cause de cette chute démographique n’est pas connue, mais les chercheurs estiment que les principales seraient la modification ou la destruction de ses lieux de repos et de nidification, ainsi que la baisse généralisée des populations d’insectes dont il se nourrit en vol durant la journée. En 2009, devant la situation alarmante, le gouvernement du Canada ajoutait le Martinet sur la liste des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril (voir le Registre public).

Une des façons de contribuer au rétablissement du Martinet ramoneur est de maintenir ou d’accroître l’offre de cheminées. Éco-nature a restauré une vieille cheminée de pierre sur une île dont il a la gestion, sur la rivière des Mille Îles. Cette restauration s’est faite dans le cadre d’un programme de réinsertion sociale. Comme elle est inoccupée, la Fondation s’en sert pour éduquer les visiteurs du Parc de la rivière des Mille-Îles. Pour sa part, le Regroupement QuébecOiseaux a dressé l’inventaire des cheminées des bâtiments religieux et voit à conclure des ententes de protection avec leur propriétaire. Il collabore aussi à l’aménagement de cheminées en bois haubanées.

Martinet ramoneur cheminée

Le soir venu, les Martinet entrent dans les cheminées de pierre comme s’ils y étaient aspirés. Cette courte vidéo vaut la peine d’être regardée.

Le titre est inspiré de la chanson Le temps du muguet de Francis Lamarque.