Par Pierre André, Les branchus – SBM
Ce très petit site d’observation (5,9 ha) a de quoi surprendre. Adjacent au Parc Charbonneau, il est délimité par le garage municipal et des habitations. Une gigantesque antenne attire l’attention. Le sentier principal s’étend sur à peine 300 mètres. Et pourtant, les amateurs d’ornithologie y ont observé plus de 135 espèces (eBird), dont le Bruant de Lincoln (photo à la Une). Qu’est-ce qui fait la particularité de ce lieu?
Une diversité d’habitats
La diversité d’habitats y est remarquable. Il y a d’abord le marais Miller à proprement parlé. Il s’agit d’un milieu abrité d’eau calme et peu profonde. Un herbier de roseau commun (Phragmites australis) est encore bien présent. En 2012, les experts estimaient la superficie occupée par cette espèce invasive à plus de 3000 mètres carrés avec des densités pouvant dépasser 50 tiges au mètre carré. L’exutoire, que l’on franchit par un petit pont, se déverse dans la rivière des Mille Îles. Puis, il y a cette grande baie herbeuse sur la rivière. L’eau y est peu profonde et les herbiers denses. On y retrouve quelques îles. Le sentier, parsemé d’arbres matures et d’arbustes sur toute sa longueur, se situe sur une langue de terre entre le marais et la baie. Une pointe boisée d’arbres matures réserve des surprises. Un sentier nous amène jusqu’à la rive d’où nous avons un large point de vue sur le cours de la rivière. Adjacent au garage municipal, des buttes de terre stabilisées offrent un milieu herbacé et arbustif propice aux passereaux. On y trouve également une plantation de jeunes arbres sur un géotextile dense, question de contrôler les roseaux. Une promenade sur la rue Isidore-Sicotte (7) nous offre un autre point de vue sur la Baie, sur une rive arborescente ainsi que sur des aménagements paysagers et quelques mangeoires de particuliers.
Un projet social
En 2011-2012, l’École Alpha, Éco-Nature et la Ville de Rosemère ont collaboré à un projet novateur qui leur a valu des éloges. L’École avait pour objectif de faire un projet liant nature et culture au marécage Tylee, un autre milieu humide de la région. Dans ce projet d’éducation environnementale, les organisateurs visaient à surcompenser l’émission des gaz à effet de serre résultant de l’activité qui aura attirée au final des centaines de participants. Pour y parvenir, les élèves de 2 classes de 4e année ont planté quelque 140 arbres après que les roseaux exotiques aient été fauchés, le terrain bêché et recouvert d’une membrane géotextile. L’activité s’inscrivait dans le projet de restauration de ce milieu envahi par la Phragmite. Michel Leboeuf et ses collaborateurs, à la base de l’expérience, ont publié les résultats de cette remarquable expérience d’éducation environnementale. Une belle réussite!
Conclusion
Le marais Miller est un milieu hautement altéré. Éco-Nature et Ville de Rosemère ont consenti et consentent toujours beaucoup d’efforts à le restaurer. Quand vous irez vous y promener, vous penserez aux roseaux et aux écoliers. Portez attention à chacun de ses habitats dont l’accessibilité change au fil des saisons. Outre les bernaches, les canards barboteurs et plongeurs, les hirondelles, les pluviers et les chevaliers, les sternes et les goélands, les bruants, les parulines et les roitelets, les pics et les sittelles…, je vous promets des tortues et des grenouilles et, qui sait, un lapin et un renard.
Sources
Collin, G. (2015) Le contrôle du phragmite (Phragmites australis) dans les milieux humides et ses effets. Essai, Maîtrise en environnement, Université de Sherbrooke. Mai 2015.
Leboeuf, M., R. Dumas et V. Ellis (2013) L’éducation environnementale en milieu urbain : l’exemple du marécage Tylee à Rosemère. Le Naturaliste canadien, 137, 2, p. 28-33.
Merci pour cette publication !
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Vos écrits participent grandement à ma passion des animaux. Félicitations pour votre implication pour la conservation de la nature.
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