Par Pierre André, Les Branchu – SBM
Avec des photos de Maxime Aubert, Luc Laberge et Pierre André
Les bruants sont de petits oiseaux généralement brunâtres au bec conique. Les 17 espèces de ce groupe se distinguent principalement par la présence ou l’absence de rayures et d’un point sur la poitrine, d’un cercle oculaire blanc, de rectrices externes blanches et par la longueur de la queue. Les bruants habitent une diversité d`habitats dont les champs, les boisés et les milieux ouverts où ils se nourrissent de graines et d’insectes. Saurez-vous reconnaître ces 4 espèces des plus fréquentes dans le Sud du Québec? Et en supplément, tentez d’identifier l’espèce de bruant à la Une. À vos guides.
Photo 1. Bruant chanteur (Melospiza melodia)
Le Bruant chanteur a les ailes et le dos fortement striés. La poitrine blanc-grisâtre a des stries concentrées qui culminent en un point brun foncé central. Ce bruant est sûrement le plus abondant des jardins urbains et des champs. Habituellement situé près du sol à une hauteur inférieure à 1,2 mètre environ, le nid se compose de brindilles d’herbe, de feuilles, de duvet et de plumes. Dans cette coupe, la femelle dépose de 3 à 5 œufs qu’elle seule couve durant 13 ou 14 jours. Au cours de l’incubation, la mère quitte le nid à chaque demi-heure approximativement, pour 5 à 10 minutes. Durant ces absences répétées, le père assure la protection de la couvée. Les deux parents s’occupent de nourrir les oisillons qui restent bien au chaud sous la mère durant 5 jours environ. Les petits courront près du nid vers l’âge de 10 jours et prendront leur envol vers le trentième. Si les conditions sont bonnes, un couple peut avoir 2 ou 3 couvées au cours de la même année. Son nom scientifique rappelle sa virtuosité vocale.
Vraiment fou d’ornithologue… Apprenez à différencier les 31 sous-espèces de Bruant chanteur présentes sur le continent!
Photo 2. Bruant familier (Spizella passerina)
Le Bruant familier (Spizella passerina) a le dos strié et le ventre gris uni, sans point. Sa tête se démarque par une calotte rousse, une ligne noire traversant l’œil et un sourcil blanc. Sa queue plutôt longue est mince et fourchue. Ce petit bruant fréquente les boisés ouverts, les clairières, les plantations, les parcs, voire même les arbres décoratifs des immeubles. Sous la garde du mâle, la femelle construit le nid seule sur une branche, dans un arbuste ou un arbre au feuillage persistant, à une hauteur généralement inférieure à 3,5 mètres. Dans ce nid fait d’herbe et de fines radicelles, recouvert de poils de mammifères et de fibres végétaux, la femelle pond 3 ou 4 œufs qu’elle seule couve pendant 11 à 14 jours. Entre les séances d’incubation d’une quinzaine de minutes chacune, elle s’absente durant 8 minutes environ. Le mâle s’occupe de nourrir la famille seul pour environ 1 semaine, période durant laquelle les oisillons demeurent sous leur mère. Puis, les deux parents vont-et-viennent en quête de nourriture pour les 5 autres jours et pour 3 à 5 semaines après qu’ils l’ont quitté. Les oisillons peuvent voler à compter du 14e jour environ. Pendant la nidification et durant tout l’été, ce granivore ajoute des insectes à son alimentation. La famille demeure groupée durant la saison estivale. Le couple a généralement 2 couvées par année. Son chant, un long trille monotone, s’étire sur 2 ou 3 secondes, ce qui le distingue des autres oiseaux.
Curiosité… Le Bruant familier avait le surnom anglais de Hairbird parce qu’il tapissait l’intérieur de son nid de crin de cheval.
Photo 3. Bruant à gorge blanche (Zonotrichia albicollis)
Le Bruant à gorge blanche se reconnaît facilement à son chant dont la version mnémonique polie est « Où es-tu Frédéric, Frédéric, Frédéric ». On l’entend d’ailleurs plus qu’on ne le voit. Ce bruant à la gorge blanche a le bec grisâtre et une ligne jaune entre le bec et l’œil. La tête peut être rayée noir et blanc, ou chamois et brun. Ce bruant fréquente les abords des forêts mixtes et de conifères. En migration, il visite les parterres et s’arrête aux mangeoires. Lorsqu’il est au sol, il sautille plutôt que de marcher ou courir. La femelle construit un nid en forme de coupe, généralement au sol ou à la base d’un arbuste ou d’un arbrisseau, près du tronc. Le fond du nid est fait de mousse et les rebords, d’herbe, de bourgeons, de copeaux et d’aiguilles de pin. Elle finit l’intérieur avec de l’herbe fine, des radicelles et du poil de cerf. La couvée compte de 1 à 6 œufs que la femelle incube seule pendant 11 à 14 jours. Les oisillons quittent le nid vers le 9e jour après l’éclosion, ils volent vers le 12e. Les parents les nourrissent jusqu’à 20 jours après le départ du nid.
Curiosité… Il arrive que ce bruant se reproduise avec un Junco ardoisé donnant des hybrides qui ressemblent à un Bruant à gorge blanche mais grisâtre avec les rectrices extérieures blanches du junco.
Photo 4. Junco ardoisé (Junco hiemalis)
De la taille d’un moineau, le Junco ardoisé revêt un habit ardoisé qui lui recouvre l’ensemble de la tête et du dos. Ceci lui a d’ailleurs valu le surnom de Nonnette, à cause de sa ressemblance avec le vêtement que portaient les religieuses. Son habit contraste avec son bec pâle et son abdomen blanc. En vol, les rectrices blanches en facilitent l’identification. C’est surtout durant les migrations et l’hiver qu’il est possible de l’observer, abondant, dans différents habitats du Sud du Québec. M. Jean Provencher, dans Les quatre saisons, nous rappelle ce lien du junco avec l’hiver: « Charles-Eusèbe Dionne, dans Les Oiseaux du Canada (1883) lui consacre quelques lignes. Il l’appelle Pinson niverolle, en anglais, dit-il, Snow Bird. » Ce passereau niche dans les clairières, à la lisière des forêts mixtes ou de conifères, surtout au Nord du Canada. Il se nourrit d’insectes et de graines d’herbes diverses. Il fabrique son nid au sol sous un tronc renversé ou dans un buisson dense. Il le construit avec des racines et radicelles séchées, de l’herbe, des aiguilles de pin, du poil et de la mousse. La femelle y pond de 3 à 5 œufs qu’elle couve 12 ou 13 jours. Les petits demeurent au nid 10 à 12 jours. Les deux parents nourrissent les jeunes jusqu’à 3 semaines ou même plus après qu’ils ont quitté le nid. Son chant ressemble au bruit de clochettes.
Sources
Beadle D. et J. Rising, 2002. Sparrows of the United States and Canada. The Photographic Guide. Princeton University Press, 328 p.
Cornel Lab of Ornithology, All about Birds
Stokes, D. et L. Stokes, 1989-90. Nos oiseaux. Tous les secrets de leur comportement. Les guides Stokes de la nature, 3 tomes, Les éditions de l’Homme, Qc, Tome I, 361 p., Tome II, 367 p. et Tome III, 418 p.